La fin des cages pour les poules pondeuses était arrivée en tête de la consultation publique des États généraux de l’Alimentation (EGA) et un amendement devait interdire tout bâtiment – nouveau ou réaménagé – d’élevage de poules en cage. Pourtant, 8 ONG de protection animale, dont la Fondation 30 Millions d’Amis, ont reçu un courrier du cabinet de Didier Guillaume, ministre de l’Agriculture, qui entérine sur ce dossier un recul inadmissible. Elles en appellent au président de la République et lui demandent de faire respecter ses engagements de campagne.

Inadmissible recul du ministre de l’Agriculture sur la fin de l’élevage des poules en cages Poule-10

Un sombre signal, traduisant un manque de volonté politique du gouvernement… Alors qu’en octobre 2019, les députés introduisaient un amendement dans la loi Egalim (art. 68) interdisant tout bâtiment nouveau ou réaménagé d’élevage de poules en cage (art. L214-11, code rural), le cabinet du Ministre de l’agriculture a fait parvenir à 8 ONG de protection animale – dont la Fondation 30 Millions d’Amis – une lettre qui annonce un recul inacceptable. Didier Guillaume souhaite en effet circonscrire la notion de « bâtiment réaménagé » aux bâtiments qui augmentent leur surface de production en cage. Autrement dit, un bâtiment d’élevage en cage existant peut être entièrement rénové à l’identique… et les cages demeurer pour 20 ans !

L’incohérence manifeste du dispositif

Si les investissements lourds qui ont pu être faits pour la mise en place de nouvelles cages en 2012 sont une des principales raisons invoquées pour justifier les délais – nécessaires – pour une transition progressive hors cage, la première chose à faire est bien d’empêcher tout nouvel investissement dans ces systèmes ! C’était le sens de l’article 68 de la loi EGAlim. Quelle cohérence peut-il y avoir à interdire à un éleveur d’installer un nouveau bâtiment de cages, mais de permettre à un éleveur qui dispose déjà d’un bâtiment de pouvoir refaire l’entièreté de son installation avec de nouvelles cages ? En outre, Didier Guillaume décide de ne plus passer par un décret d’application, mais par une discrète instruction aux services : un tour de passe-passe !

Alors que le Président et le ministre de l’Agriculture affichent une ambition forte « d’accélérer la transition vers un mode d’élevage alternatif », une telle volte-face semble incompréhensible. Les Français sont aujourd’hui majoritairement favorables à l’interdiction de l’élevage en cage. Ils s’opposent, avec les autres européens, à ce mode de production, comme le démontre le succès de l’Initiative Citoyenne Européenne contre les cages, portée par une coalition de plus de 170 ONG (dont la Fondation 30 Millions d’Amis) qui s’est clôturée le 11 septembre 2019 avec plus de 1,5 millions de signatures, dont plus de 105 000 en France.

Un engagement réitéré par le Président, pourtant remis en cause

Pour rappel, lors de sa campagne présidentielle, Emmanuel Macron s’était engagé à « faire disparaitre l'élevage en batterie des poules pondeuses au profit des élevages alternatifs ». Lors de son discours de Rungis, à mi-parcours des Etats Généraux de l’Alimentation, il a réitéré en partie cet engagement en s’engageant à ce que « les œufs vendus aux consommateurs ne seraient issus que d’élevages en plein air d’ici 2022. » L’adresse faite aux défenseurs des animaux est de mauvais augure et obère les promesses d’annonces « fortes » sur le bien-être animal, maintes fois brandies ces derniers mois par le ministre de l’Agriculture…

Les ONG protectrices des animaux en appellent au Président et lui demandent d’intervenir et faire respecter ses engagements lors des annonces attendues sur le bien-être animal.


https://www.30millionsdamis.fr/actualites/article/17832-inadmissible-recul-du-ministre-de-lagriculture-sur-la-fin-de-lelevage-des-poules-en-cages/?fbclid=IwAR3pmnyzz5ejcveWNJyeGMgkTN-TPWvfWt6aOWbdQmn2IfwVgOQ2iA0QF4I