En Inde, les violences contre les éléphants se multiplient 125

L'image choquante de cet éléphante d’Asie et de son petit en feu a remporté le premier prix d'un concours de photographie animalière, attirant ainsi l’attention sur le conflit qui oppose les éléphants et les hommes en Inde.

Le cliché intitulé « Hell Is Here » (L’enfer est ici) saisit une scène bouleversante : un éléphanteau et sa mère essayant de fuir une foule qui tentait de les brûler, à l'ouest du Bengale. L'éléphanteau a été gravement touché par les boules de feu qui lui ont été lancées.

« En 14 ans de reportages je n'avais jamais assisté à une telle scène », a indiqué le photographe Biplab Hazra au New Indian Express. « Je tenais absolument à prendre ce cliché. »

En quelques heures, la photo a fait le tour du monde, et a mis en lumière les vives tensions qui existent entre les hommes et ces magnifiques pachydermes.

L'Inde abrite environ 27 000 éléphants d’Asie, soit plus de la moitié de la population mondiale. Les éléphants d’Asie sont une espèce menacée, notamment à cause de la perte de leur habitat naturel.

Les éléphants empruntent plus de 101 couloirs de migration pour traverser l’Inde ; seuls 20 d'entre eux ne sont pas également empruntés par les hommes, selon une étude de la Wildlife Trust of India publiée en août 2017. Deux tiers de ces couloirs de migration sont traversés par des grands réseaux routiers - seuls 13 % sont protégés par la forêt.

Il n'existe en Inde aucun autre endroit opposant avec autant de violence les hommes et les éléphants. Environ 488 éléphants vivent dans les forêts du nord du pays, où l'urbanisation croissante et les plantations de thé empiètent sur l'habitat naturel de la faune.

Un tel rapprochement physique engendre des violences quotidiennes, surtout lorsque les éléphants pénètrent dans les fermes, dévastent les récoltes et détruisent les frêles habitations. D’après le Times of India, 18 personnes ont été tuées par les éléphants à l’ouest de Bengale au cours des neuf premiers mois de l’année 2015. En mars 2016, les autorités du district ont demandé la mise à mort d'un éléphant « voyou » qui avait tué deux personnes. Parallèlement à cela, des éléphants meurent régulièrement dans cette région, électrifiés par les câbles électriques placés sur les couloirs de migration.  

Hazra confie au New India Express que l’éléphanteau en question n'avait pas été brûlé intentionnellement : les paysans utilisent souvent des feux d'artifice et du goudron pour tenir les éléphants à distance. Une technique qui peut provoquer ce type d'incidents graves.

« La gestion des foules est l’un des éléments clefs dans la gestion des conflits hommes-animaux sauvages », déclarait M. Ananda Kumar, scientifique de la Nature Conservation Foundation dans une interview accordée en 2016 au magazine britannique Geographical. « Nous devons faire comprendre aux habitants que ces animaux ont besoin d’espace et que leur comportement agressif ne pourra conduire qu'à des drames. »

Dans le cas présent, cela aurait pu plus mal finir : le photographe indique que l’éléphanteau a survécu aux flammes.

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