Il avait déménagé chez sa petite amie. Sans son chien. L'animal est mort de faim et de soif. Son propriétaire a été condamné par le tribunal de Saint-Malo à 6 mois de prison ferme.

(Jugement) 6 mois de prison ferme pour avoir laissé son chien mourir de faim 129

Le 21 novembre 2017, à Saint-Malo. Les services HLM alertent le commissariat de police, inquiets des « odeurs suspectes » qui refoulent sur le palier d’un immeuble. À leur arrivée, les policiers sont « saisis d’effroi » par le spectacle morbide qui s’offre à eux.

Ni eau, ni nourriture

Derrière la porte du rez-de-chaussée, un appartement saccagé, dans un état épouvantable. « Le sol de toutes les pièces était recouvert d’urine et d’immondices », rapporte un enquêteur. Un chien à l’allure cadavérique gît la gueule ouverte, au milieu de ce décor funeste. Les policiers remarquent qu’il n’y a ni eau, ni nourriture dans l’appartement.

Tyson, jeune boxer de 4 ans, est mort depuis plusieurs jours. « Il n’avait pas été sorti depuis des semaines, raconte un voisin. On l’entendait aboyer jour et nuit mais depuis 15 jours plus rien ».

Parti vivre chez sa petite amie

Son propriétaire, un homme de 33 ans, est retrouvé chez sa petite amie, à une vingtaine de kilomètres de là, à Hirel. Il n’habitait plus son appartement, à Saint-Malo, depuis quatre mois. « Je suis parti car je n’avais plus ni gaz, ni électricité. Je n’ai pas pu prendre mon chien avec moi car la chienne de ma copine était en chaleur », se défend-il à la barre du tribunal de Saint-Malo, lors de son jugement en comparution immédiate, ce vendredi 22 décembre 2017.
Un ami était chargé de passer le nourrir. Il s’en est occupé, à l’occasion, avant d’être incarcéré.
« Mais pourquoi ne pas être venu vous-même nourrir votre chien », cherche à comprendre la juge.
« Je n’ai pas de voiture », lui rétorque le prévenu.
« Et le bus ? » insiste la juge.
« Je n’ai pas les moyens ».
« Vous n’avez pas les moyens de payer 1,30 euro ? Mais quand la police vous a contacté, vous sortiez de trois jours de fête ! »

24 condamnations

L’homme qui se tient à barre du tribunal est « en grande misère sociale » et vit avec « 200 euros par mois », selon son avocate Me Lauranne Garnier. Il est décrit comme « désinvolte et immature » par son assistante sociale. « Complètement désinvesti dans ses démarches professionnelles ». Pas épargné non plus par des problèmes de santé depuis une fracture de la colonne vertébrale à 21 ans.
Ancien héroïnomane, il a déjà été condamné à 24 reprises pour vols, violences, menaces, destructions et usage de stupéfiants.

« Indifférence cruelle »

Derrière ce portrait apparaît aussi celui d’un maître au comportement inapproprié avec les animaux. Il lui arrivait « de donner des coups de pied dans le ventre » de son chien, selon un voisin. Un autre affirme qu’il « l’enfermait dans la buanderie ». Tous parlent d’un animal « pourtant gentil ».
Pour Raymonde Leseine, présidente de la SPA de Saint-Malo, partie civile dans ce procès,

« nous avons là un exemple de sottise et d’indifférence cruelle. Il n’a pas eu le moindre geste de pitié. Pour la loi, il s’agit d’un abandon d’animal. Mais pour nous, ce n’est pas qu’un pauvre petit chien qu’on laisse crever. C’est un acte de cruauté ». :



6 mois de prison ferme et l’interdiction définitive de posséder un animal


Après les réquisitions du Parquet (8 mois de prison ferme), l’avocate du prévenu a tenté le tout pour le tout en plaidant la relaxe « car l’abandon n’était pas intentionnel. Mon client était persuadé que son ami s’occupait bien de son chien ».
Le tribunal de Saint-Malo ne partage pas cet avis. Pour abandon d’un animal domestique (ayant entraîné son décès), le prévenu de 33 ans a été condamné à 6 mois de prison ferme et à l’interdiction définitive de posséder un animal. Il devra également verser 100 euros de dommages et intérêts à la SPA de Saint-Malo.

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