Après un signalement, les services de la préfecture du Cantal se sont rendus, lundi 30 avril, dans une ferme de Saint-Gérons. Sur place, 58 vaches ont été retrouvées mortes, 29 sont en très mauvais état.

Cinquante-huit vaches retrouvées mortes dans une stabulation du Cantal 148

La scène a lieu dans une ferme isolée, à Saint-­Gérons, dans le Cantal, à quelques kilomè­tres du lac de Saint­-Etienne-­Cantalès. Lundi matin, après un signalement, les services de la Direction départementale de la cohésion sociale et de la protection des populations (DDCSPP) se rendent, en compagnie de la gendarmerie et du maire de la commune Michel Canches, sur une exploitation.

Dans l’immense stabulation, l’horreur. Un tableau qui, pour le maire, « fait mal aux tripes ». À l’inté­rieur se trouvent 87 bêtes – des vaches allaitantes salers et charolaises – dont 58 sont mortes.

Sur les 29 encore en vie, « une dizaine d’animaux », selon François Cellou, directeur du service Santé et protection animale et environnement de la DDCSPP du Cantal, pourraient être pris en charge par un autre éleveur. Pour les autres, l’euthanasie ne fait guère de doute mais c’est au parquet d’Aurillac de prendre la décision.

« Dépression »

L’éleveur, 44 ans, a été hospitalisé, au bout d’une très longue journée. « C’est un agriculteur en dépression, souffle Michel Canches, ancien éleveur. Il est désemparé, il ne se rendait plus compte de ce qu’il faisait. » « C’est malheureusement quelqu’un qui a un très gros problè­me de santé, renchérit François Cellou. Il est dans le déni absolu. »

L’élevage était connu des services de la préfecture. À l’automne, après un premier signalement, ils s’étaient déjà rendus sur place. Plusieurs bêtes avaient été retrouvées mortes en plusieurs points de la propriété, mais l’éleveur n’avait pas été hospitalisé. Pour la DDCSPP, impossible d’agir alors : François Cellou cite l’article L214-­23 du Code rural, qui définit que les animaux peuvent être saisis ou repris, en fonction de « l’urgence de la situation. » « Il n’y avait pas d’urgence. Les animaux étaient à l’herbe, elle était haute, et il y avait plusieurs sources pour qu’elles puissent s’abreuver. »

Enquête ouverte

Derrière, la maire a gardé un œil sur l’exploitation, mais « en janvier, tout semblait allait mieux. J’ai mille regrets aujourd’hui… » La ferme, en retrait du village, est très isolée dans cette commune du Cantal, les voisins n’ont rien vu, rien entendu, les visites étaient rares. Il a fallu cet appel, lundi, pour déclencher à nouveaux les services de l’État. Trop tard pour sauver le cheptel.

Il ne faut pas oublier qu’il y a un homme aussi. Il faut penser à le soigner.


Une enquête judiciaire a été ouverte, pour maltraitance principalement. Les bêtes vivantes sont prises en charge, pour le moment, par le maire, qui passe les nourrir et s’en occuper le soir. Les cadavres n’avaient pas encore été évacués mercredi. Les animaux trop touchés devraient être euthanasiés ce jeudi. La Chambre d’Agriculture travaille de son côté avec les services de la pré­ fecture à trouver un point de chute pour celles qui auront survécu. « Il n’y a aucun problème sanitaire, pas de maladies, explique François Cellou. C’est un problème de soins, elles n’avaient pas à boire, à manger, elles n’étaient pas paillées. »

« Il y a des cheptels en déshérence dans le Cantal, termine François Cellou. Mais des cas extrêmes comme celui­-là, c’est très rare. » « C’est le désarroi de certains agriculteurs, soupire Michel Canches, touché. Pour faire ce mé­tier, il faut être résistant, beaucoup de difficultés pèsent sur une seule personne. Il ne faut pas oublier qu’il y a un homme aussi. Il faut penser à le soigner. »

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